Friday, September 27, 2013

Pandemonium 211-220

Long on their knees, the population’s awe
Has said, ‘Let us permit the kingly law.’
And then the cry, which cry we still: ‘Make way!
The people’s justice, reason, has its sway!’             
Yearning at last for ardor more sublime,
Will not mankind reborn exclaim in time,
‘Before the Art-God, every force succumbs.
Make way, another law – the poet comes!’?”                        

“I willingly­ salute your solemn grief.
But the artistic sphere is not a fief,


— Long-tems à deux genoux le populaire effroi
A dit : laissons passer la justice du roi. —
Ensuite on a crié, l’on crie encore : Place !
La justice du peuple et de la raison passe.
— Est-ce qu’épris enfin d’un plus sublime amour,
L’homme régénéré ne crîra pas un jour :
Devant l’Art-Dieu que tout pouvoir s’anéantisse.
Le poète s’en vient ; place pour sa justice ? —

   — J’acclame volontiers à ton deuil solennel,
Dit au pérorateur l’architecte Noël.

Wednesday, September 25, 2013

Pandemonium 201-210

The honor of the gibbet; and if you
Attempted algarades to see me through,
Bourgeois, policemen, and the headsman’s thralls
Would nail you with me to the tumbrel’s walls.
Come, hellfire! Ours the guillotine! And to us
Only the blood-born artwork that flows through us!*
To us, who love naught but the trinity
Of love, of glory, and of liberty!
Oh, sky and earth! Will not the poet’s soul
Make, by and by, its retribution whole?

Original:

Les honneurs de la Grève ; et, si les camarades
Veulent pour mon salut faire les algarades,
Bourgeois, sergens de ville et valets de bourreau,
Avec moi les cloûront au banc du tombereau. —
Malice de l’enfer !… À nous la guillotine !
À nous qu’aux œuvres d’art notre sang prédestine !
À nous qui n’adorons rien que la trinité
De l’amour, de la gloire et de la liberté !…
Ciel et terre !… est-ce que les âmes de poète
N’auront pas quelque jour leur revanche complète ?

*205-206 get at the spirit of the original but depart from the sense of it. This will have to do while I figure something else out. 

Monday, September 23, 2013

Pandemonium 191-200

Infertile, hopeless! Now one cannot roar
Outside the desert. What can it be for
To stand prepared to give one’s life in gage,
Each for his comrades’, in a vapid age
Like ours? If I consult my dignity                                    
And cross the boundaries of society
To plunge, without a fight, my vengeful blade
Into the throat whose voice maligned my maid,
The idiots, the virtuous, the slow
As one would call me jackal and bestow


Bien stérile et bien nul ! — Ce n’est plus qu’au désert
Qu’on peut en liberté rugir. — À quoi nous sert,
Dans une époque aussi banale que la nôtre,
D’être prêts à jouer nos têtes l’un pour l’autre ? —
Si, me jugeant très digne au fond de ma fierté
De marcher en dehors de la société,
Je plonge sans combat ma dague vengeresse
Au cou de l’insulteur de ma dame et maîtresse,
Les sots, les vertueux, les niais m’appelleront
Chacal… Tout d’une voix ils me décerneront

Sunday, September 22, 2013

Pandemonium 181-190

Unmoving, silent; and their chests breathed not,
Stifled by pride and ecstasy. Each thought
Rose, followed Reblo’s transport where it led,
As brigands follow cressets spied ahead.

IV

A moment’s pause; and then, a Moorish face
Raises its striking pallor, scans the place
With damned man's eyes. He speaks, in deep despair
To the conventicle assembled there.

“In truth, our brotherly fanaticism,
We must admit, is an anachronism,



Les poitrines, d’extase et d’orgueil oppressées,
N’exhalaient aucun souffle, — et toutes les pensées
Montaient faire cortège à l’élan de Reblo,
Comme des bandouliers qui suivent un fallot.

IV

Après quelque silence, un visage mauresque
Leva tragiquement sa pâleur pittoresque,
Et, faisant osciller son regard de maudit
Sur le conventicule, avec douleur il dit :
— Certe, il faut avouer que notre fanatisme
De camaraderie est un anachronisme

Monday, September 16, 2013

Pandemonium 171-180


Of singularities and superstition
Man needed never fear the inanition
Of flattened life, encased and monotone                    
If he had noble dreams and heart of stone!
Adventures came to find him on their own,
And dramas beyond number flocked, half-grown
To be fleshed out by artistry. To quest!                                       
For the innately strong, oh, that is best!

And marrow-deep, emotion seemed to fill
The cenacle. The brothers listened, still,


De superstitions, d’originalités,
Tout homme à cœur de bronze, à rêves exaltés,
N’avait pas un seul jour à craindre l’atonie
D’une vie encastrée avec monotonie :
Les drames s’en venaient d’eux-mêmes le chercher,
Mainte grande aventure accourait s’ébaucher
Sous sa fougue d’artiste : — Avoir des aventures ! —
Oh ! c’est le paradis pour les fortes natures !…

Le fraternel cénacle ému jusques au fond
De ses os, écoutait dans un calme profond.

Sunday, September 15, 2013

Pandemonium 161-170

Brushed by their ladies’ silk sleeves as they pass
Amid the promenaders on the grass.

Oh, ancient days! said Reblo. Ancient days!
Oh, how my soul is theirs! and all the ways                        
Their beauty casts its captivating spell!
My comrades, it was truly good to dwell                        
When man had veins where lava flows could slip,
And avid gaze, and whim worn at the hip!
In the hale mores of the feudal days—
Truly a virgin forest—in that maze


Les jeunes cavaliers tressaillaient quand la soie
Des manches de leur dame en passant les coudoie.

— Oh ! les anciens jours ! dit Reblo : les anciens jours !
Oh ! comme je leur suis vendu ! comme toujours
Leur puissante beauté m’ensorcèle et m’énivre !
Camarades, c’était là qu’il faisait bon vivre
Lorsqu’on avait des flots de lave dans le sang,
Du vampirisme à l’œil, des volontés au flanc !
Dans les robustes mœurs de l’ère féodale,
— Véritables forêt vierge — dans ce dédale

Thursday, September 12, 2013

Pandemonium 151-160

That cleaved to every soul, pervaded in
Each brain, and snaked its shivers over skin.
The hanging armor on the walls emitted
Queer reliquary stridor. Statues, fitted
On bases, trembled mutely nonetheless,
In glorious emotional excess,
To feel themselves grazed by the sonorous wings
Of metal couplets, lyric aerian things—
Just as young cavaliers will tremble, pale
Beneath their flowery coats of Spanish mail,


Qui se collait à l’ame, imprégnait le cerveau,
Et faisait serpenter des frissons sur la peau.
Les reliques d’armure aux murailles pendues
Stridaient d’une façon bizarre ; — les statues
Tressaillaient sourdement sur leurs socles de bois,
Prises qu’elles étaient de glorieux émois,
En se sentant frôler par les ailes sonores
Des strophes de métal, lyriques météores :
— Comme sous les genêts d’un beau mail espagnol,
Parmi les promeneurs épandus sur le sol,

Wednesday, September 11, 2013

Pandemonium 141-150

Cathedrals, manor houses, strongholds, convents
Unfolded laudably their splendid contents;                                               
The muse brought forth, by turns, a story of
Pelisses, daggers, bloodshed…and of love.

These verses let ambrosial teardrops fall
On every sense, and thus enamored, all
Gave themselves gladly to the oscillation
Of a vertiginous hallucination.
A sort of magic airborne fragrance lent    
A Gothic, fervid and neuralgic scent
        
Original:

— Les couvens, les manoirs, les forts, les cathédrales,
Déployèrent à l’envi leurs pompes sculpturales ; —
La muse sur la scène amenait tour-à-tour
Des manteaux, des poignards, du sang… et de l’amour.

Et tous, énamourés de cette poésie
Qui pleuvait sur leurs sens en larmes d’ambroisie,
Se livraient de plein cœur à l’oscillation
D’une vertigineuse hallucination.
Il y avait dans l’air comme une odeur magique
De moyen-âge, — arôme ardent et névralgique,

Tuesday, September 10, 2013

Pandemonium 131-140


Aspires – also woman! Of creation
She is the ruin and the coronation!            

III

To fight the storm with noise, one of the score,    
His voice resounding like a bass kinnor,
Straightened his head and his fermenting brains
And started to recite Victor’s refrains.                                    

And soon, all listened to the fragments he
Excerpted to recite on chivalry:
Young squires galloped nobly on the grounds
Of tournaments, and witches danced in rounds.

Original:

C’est elle également ! — De la création
La femme est à-la-fois l’opale et le haillon !

III

L’un des vingt, redressant sa tête qui fermente,
Pour lutter de vacarme avec cette tourmente,
D’une voix qui vibrait comme un grave Kinnor,
Se mit à réciter des strophes de Victor.

Bientôt on l’écouta. — C’était une série
De fragments détachés sur la chevalerie.
— Les sorcières dansaient en rond ; — les damoisels
Couraient bride abattue aux nobles carrousels ;

Monday, September 9, 2013

Pandemonium 121-130

And this is nothing strange. In all the parts,
Sublime or wicked, in the human heart’s
Dark fathoms, is she not the corollary –
Concurrent, cognate, envious, the very
Satellite? And was it not her sex
That, suffering the dragon’s spark-eyed hex                                    
Dared to deflower, in a dire upheaval,
The tree of sapience and good and evil?
The wicked crucible where vices worsen
Is she! The star to which a virtuous person


— Et tout cela n’avait rien d’insolite. — La femme,
De tout ce qui se meut de sublime et d’infâme,
Dans les obscurités sans fond du cœur humain,
N’est-elle pas toujours corollaire germain,
Satellite flagrant, jaloux ?… n’est-ce pas elle
Qui, des yeux du dragon subissant l’étincelle,
Osa dévirginer dans un transport fatal,
L’arbre de la science et du bien et du mal ?…
Le creuset corrupteur où nos vices empirent,
C’est la femme !… l’étoile où nos vertus aspirent,

Sunday, September 8, 2013

Pandemonium 111-120

Disjunctures, prattle, blather, innuendo—
The maskers slip the suburbs and crescendo
And trample through the gravest colloquies,
Lambasting them with bland amphibolies!
The scene, then, matched the century quite neatly:
A pandemonium fulfilled completely! . . . 

The theme of woman, I need hardly say,
Arose, licentious empress, to survey
The thousand furies of that conflagration.
In short, she was its central inspiration!

Original:

Coq-à-l’âne, rébus, sornettes, calembourgs,
Comme une mascarade échappée aux faubourgs,
Se ruaient à travers les plus graves colloques,
Et vous les flagellaient de plates équivoques !
Enfin, c’était du siècle un fidèle reflet,
Un pandaemonium bien riche et bien complet !…

Pas n’est besoin, je crois, de dire que l’idée
De la femme planait, reine dévergondée,
Sur les mille fureurs de cet embrasement :

Qu’elle était en un mot son premier élément !

Saturday, September 7, 2013

Pandemonium 101-110

—An equal anarchy when they discourse!
The transports of divinest moral force,
The ecstasies of immortality,
The vows to fatherland and liberty,
Drowned, foundered in the laughter and the spasm
Of naked doubt, all leprous with sarcasm.
Love-angels, sweet past Plato’s fondest dream
Submerge their wings below the silty stream            
Of cynicism fouler than the wails                                   
Of prostitutes and madmen in their jails!


Eh bien, dans leurs discours c’était même anarchie !
— Les plus divins élans de morale énergie,
Les extases de gloire et d’immortalité,
Les vœux pour la patrie et pour la liberté,
Se noyaient, s’abîmaient dans le rire et le spasme
D’un scepticisme nu, tout lépré de sarcasme.
De beaux rêves d’amour qu’eût enviés Platon,
Trempaient leurs ailes d’ange au sordide limon
D’un cynisme plus laid, plus vil en ses huées,
Qu’un hôpital de fous et de prostituées !

Friday, September 6, 2013

Pandemonium 91-100


Of Capuchins arrives a chaste procession
Equipped with holy hymns for intercession
Against the scourge, but the scourge is ironic:
It moves them to a setting far less tonic,
Where harlots and ignoble wastrels revel,
Abyssally debauched beyond the level
Where past abomination one sees hope.
In short, imagine a kaleidoscope
Unnatural and vast, turned in the grand
Exterminator’s own deceitful hand.


Une procession de chastes capucins
Veut sortir pour combattre avec des hymnes saints
La rage du fléau : le fléau sarcastique
Vous l’enlève et la pousse en un lieu peu mystique
Où des filles de joie et d’ignobles truands
Festinent, de débauche et d’ivresse béants.
D’abomination, d’horreur tout s’enveloppe :
En un mot, l’on dirait un kaléidoscope
Immense, monstrueux, que l’Exterminateur
Fait tourner dans sa main de mystificateur.


Thursday, September 5, 2013

Pandemonium 81-90

Thus, picture for yourself a Spanish town
An earthquake ravages and wrenches down.
Palatial balconies and boudoirs crumble,
Collapsed together in a mighty rumble,
Their perfumes and escutcheons all displaced
To foul sewers, fetid pits of waste;
And Christian monuments, with domes twice-gilt
And rainbowed panes and granite spires, spilt
Across the filthy, ruined stone and mortar
Where usury hold’s court – the Jews’ dark quarter.


Représentez-vous donc une ville espagnole
Qu’un tremblement de terre épouvante et désole.
— Les balcons, les boudoirs des palais disloqués
S’en vont avec fracas tomber entrechoqués,
Avec tous leurs parfums, toutes leurs armoiries,
Dans les hideux égouts, les infectes voiries.
Des monumens chrétiens les dômes surdorés,
Leurs flèches de granit, leurs vitraux diaprés,
S’en vont rouler parmi les immondes masures
Du noir quartier des juifs, sale tripot d’usures.

Wednesday, September 4, 2013

Pandemonium 71-80

How can I make you know this vast and troubling         
Blockade of intellects, this heating bubbling
Of mire and gold? What epithet is there
To capture hellish conversation where
Pomp, storm and clamor pass the reckoning,
In consciousness or dreaming, of a king?

Now pause: that symbolism might portray
This monstrous metaphysic disarray,
The image I evoke will now converge
With solid violence, corporeal scourge.


Original:


Comment vous révéler ce vaste encombrement
De pensers ennemis ; ce chaud bouillonnement
De fange et d’or ?… Comment douer d’une formule
Ces conversations d’enfer où s’accumule
Plus de charivari, de tempête et d’arroi
Que dans la conscience et les songes d’un roi ?…

Tenez, pour vous traduire en langue symbolique,
La monstruosité de ce métaphysique
Désordre, je vais vous susciter le tableau
D’un choc matériel, d’un physique fléau.

Tuesday, September 3, 2013

Pandemonium 61-70

Like Templars born of the crusading period,
Our gay companions quaffed cups full and myriad,
And each man’s brain was brimmed with tumult; each
Then raised his voice, at once, in splendid speech.                        

A whirlwind, now, of incoherent patter,
Of Visigoth inflections, fiery chatter,
Rolled out, cried out, leapt at the rum’s direction,
A forum stormed by raucous insurrection.

What moral chaos! God, what talk! Therein
Analysis itself becomes a sin.




Rivaux des Templiers du siècle des croisades,
Nos convives joyeux burent force rasades.
Chaque cerveau s’emplit de tumulte, et les voix
Prirent superbement la parole à la fois.

Alors un tourbillon d’incohérentes phrases,
De chaleureux devis, de tudesques emphases,
Se déroula, hurla, bondit au gré du rum,
Comme une rauque émeute à travers un forum.

Vrai Dieu ! quels insensés dialogues ! — L’analyse
Devant tous ce chaos moral se scandalise. —

Monday, September 2, 2013

Pandemonium 51-60


Each feature joining surely to proclaim
That in each breast, the heart is quick to aim
Infectious hatred and morose regret
At prose, the Code and at the bourgeois set;
No exaltation flowing from their heart
But for two truths: for passion and for art!

II

The punch’s phosphorescence now burnt up,
Many an amphora, goblet, silver cup,
Like a flotilla in the basin’s flow,
By a strong mass of arms was plunged below.


Original



Tout chez eux puissamment concourt à proclamer
Qu’ils portent dans leurs seins des cœurs prompts à s’armer
De haine virulente et de pitié morose,
Contre la bourgeoisie et le Code et la prose ;
Des cœurs ne dépensant leur exaltation
Que pour deux vérités : l’art et la passion !…

II

Quand on vit que du punch s’éteignait le phosphore,
Mainte coupe d’argent, maint verre, mainte amphore,
Ainsi qu’une flottille au sein du bol profond,
Par un faisceau de bras furent coulés à fond.